Le président iranien dément l’éventuelle interdiction de Telegram dans le pays
De nombreuses rumeurs ont circulé sur l’éventuelle interdiction de la plateforme de messagerie cryptée Telegram. Le président iranien Hassan Rouhani a dû intervenir publiquement lors d’une réunion avec de hauts responsables de l’Etat en rectifiant que Telegram ne sera absolument pas banni du pays. En réalité, l’Iran songe, à la place, à introduire des applications de messagerie locale visant à concurrencer Telegram qui détient aujourd’hui le monopole de messages chiffrés de bout en bout.
Rouhani a réagi au battage médiatique sur le sujet. Il « existe des applications de messagerie iraniennes puissantes, sécurisées et bon marché qui peuvent résoudre les besoins et les problèmes des gens rendant tout le monde fier. » Cependant, a-t-il ajouté en référence au blocage de Telegram :
L’objectif de la création et de l’amélioration des applications logicielles et de messagerie iraniennes ne devrait pas bloquer l’accès à d’autres applications connexes, toutefois nous devrions nous concentrer sur l’élimination des monopoles.
Alaeddin Boroujerdi, le président du Comité de la sécurité nationale et des relations extérieures du Parlement, s’est exprimé le 31 mars. Il a tenté de mettre un terme au « rôle destructeur de Telegram. » Une décision « du plus haut niveau » a été prise dans cette optique du gouvernement pour « remplacer Telegram par une application locale. »
Telegram a achevé sa deuxième Initial Coin Offering (ICO) il y a moins d’une semaine. Il semble que la collecte la plus importante au monde ait atteint 1,7 milliard de dollars. L’objectif de celle-ci était d’aider le lancement de Telegram Open Network (TON). La plateforme se veut « rapide, évolutive et conviviale. » cet aspect très attractif de l’entreprise effraie d’une certaine manière l’Iran.
Interdire Telegram en Iran
Mohammad Reza Badamchi, le député iranien, a récemment déclaré aux médias de Téhéran que bannir Telegram supprimerait 200 000 emplois. Cette situation va chambouler la finance d’environ un demi-million d’individus. L’application est extrêmement populaire dans le pays, elle compte en réalité plus de 40 millions d’utilisateurs. De nombreuses petites entreprises de commerce électronique dépendent de Telegram.
L’interdiction est un sujet sensible dans un pays tel que l’Iran. Les autorités ont banni Telegram et Instagram en l’espace de quelques jours. En réponse à cette prohibition, la population a fortement manifesté dans les rues de plus de 100 villes de fin décembre à janvier, jusqu’à ce que l’interdiction soit levée.
L’application de messagerie Homegrown
Deux députés iraniens ont réclamé une enquête sur le degré de confiance des gens par rapport aux applications locales. Les deux politiciens ont souligné :
Interdire Telegram élargirait le fossé entre le peuple et les fonctionnaires de l’Etat et aggraverait la méfiance des gens à l’égard des fonctionnaires.
La députée Fatemeh Saeedi, membre du comité Majles pour la protection des entreprises électroniques, qui a lancé l’idée d’un sondage, a déclaré à l’agence Iranian Lab News que filtrer une application de messagerie étrangère ne suffit pas pour encourager la population à utiliser une application locale.
Elle a déclaré : « sur la base des résultats d’un tel sondage, nous devrions repenser nos politiques plutôt que de limiter l’accès des personnes aux réseaux virtuels, » en ajoutant que « l’interdiction de Telegram serait une grosse erreur. Nous ne pouvons pas simplement ignorer les réalités du monde. »
Parvaneh Mafi, le président du comité Majles, a émis une mise en garde contre les conséquences sociales de l’interdiction de Telegram.
« L’interdiction de Telegram renforcerait la méfiance du peuple vis-à-vis des fonctionnaires et mettrait en danger le capital social du pays, le rapprochant d’une crise, » a ainsi rapporté l’agence de presse iranienne ISNA.
Mafi a ajouté : « les gens ne font pas confiance aux services de messagerie du pays, et cela fait partie de leur méfiance vis-à-vis du système de prise de décision du pays. »
Que pensez-vous de la décision de l’Iran à concurrencer Telegram ? Cela suffirait-il à inciter les citoyens iraniens à adopter les nouvelles applications locales ? Faites-nous part de votre avis dans la section des commentaires ci-dessous.